Motards

Publié le par Robespierre

 

Ainsi donc, le ministre de l'intérieur utilise comme coursiers des motards de la police pour apporter ses petits mots à un journal qui l'a ouvertement ridiculisé. Si tant est que révéler à quel point un ministre, par ses affirmations aussi mensongères que racistes est ridicule soit ridiculiser ce ministre. Car au fond, c'est lui-même qui se rend tout à fait ridicule par ses affirmations.



Oui, monsieur Guéant, les ouvriers sont bêtes. Ils l'étaient déjà au XIXe siècle, comme l'étaient les paysans réduits au servage avant eux. Mais vous n'hésitez pas à laisser entendre que c'est génétique. Oh, bien sûr, vous ne dites pas que c'est une race inférieure, vous n'utilisez ni le mot « bougnoule » ni le mot « nègre », mais ceux à qui votre discours haineux est destiné les ont bien entendus, ces mots que vous n'avez pas prononcés. Seriez vous pleutre au point de ne pas aller au bout de votre nauséabonde pensée?



Mais non, car au fond, vous n'êtes probablement même pas raciste, vous vous contentez de croire que chacun a sa chance et doit la saisir. Le racisme, la xénophobie et tout leur sinistre cortège ne sont que des arguments électoraux d'une triste banalité. Le sort du plus grand nombre s'aggrave chaque jour sous les coups portés par le gouvernement auquel vous appartenez, par le serviteur des puissants que vous même servez. Votre politique ne cherche pas à améliorer leur sort. Tout au plus espérez vous que les miettes laissées par ceux pour qui vous gouvernez grossiront tellement vous les gavez, et que la populace s'en contentera.



Car, et sans doute le déplorez vous, cette populace vote. Pour vous et vos semblables, la démocratie est un fardeau, les élections une farce où il faut mentir sans vergogne, falsifier la réalité aussi loin que possible pour tromper une part assez importante de cette méprisable populace.



Alors, vous n'hésitez pas. Si les miettes sont de plus en plus rares, si tout se ferme de plus en plus aux classes populaires, c'est la faute à l'autre. Pas à ceux qui s'enrichissent toujours plus en fermant ce qu'il reste d'usines, en augmentant encore et toujours les loyers, en échappant toujours plus à l'impôt que vous allégez pourtant pour eux. Non, c'est la faute à l'autre. C'est la faute aux races inférieures que vous ne nommez pas, laissant à ceux qui écoutent vos monstrueux discours le soin de rétablir les mots que vous avez omis.



Et quand un journal ose traduire votre véritable propos, vous lui envoyez la police. Votre milice plutôt.



En d'autres temps, en d'autres lieux, vous auriez simplement envoyé vos exécuteurs. Regrettez-vous de ne pouvoir le faire?

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